Par le biais des documentaires, des touristes, ou bien encore des réseaux sociaux, la France entière a eu vent de la calamité dont pâtissent les Marseillais depuis plusieurs années. Matériaux, gravats, huiles, carcasses de véhicules, pneus, cuves à fioul, sont parmi les nombreux déchets qui jonchent le sol des rues, des routes, des terrains vagues, mais aussi des espaces naturels marseillais. Une pollution visuelle, environnementale, mais également un coût exorbitant pour la métropole et donc pour les habitants. Quelles actions sont envisageables pour les pouvoirs publics et les particuliers ?
Le nettoyage des détritus par la ville de Marseille
Pour réduire les déchets sauvages, la première solution qui vient à l’esprit est celle de l’assainissement. Mais comme l’expliquait Monique Cordier dans le site d’informations Made in Marseille , “une opération de nettoyage coûte entre 30 000€ et 60 000€”, ce qui représente entre 1,5 et 2 millions d’euros chaque année. Au vu de ce montant, la cité phocéenne ne peut pas se permettre de procéder à cet entretien trop souvent. Ajoutons à cela que, pendant ce temps, les agents affectés à cette tâche ne peuvent pas effectuer leur travail habituel.
Certaines associations, comme Hunamar, Clean my Calanques, Corot Debout Déterminés, Pic Foch, etc., généralement composées d’habitants excédés, réalisent de grands nettoyages pour que les quartiers retrouvent un semblant de propreté et que les sols et l’eau soient moins pollués. Malgré cela, la salubrité est de courte durée, car les ordures reviennent très vite.
Un véritable réseau qui alimente régulièrement les décharges sauvages s’est en effet créé. Des entreprises du BTP payent des personnes, souvent précaires, pour débarrasser leurs chantiers sans passer par l’étape de la déchèterie. Si elles se font prendre en flagrant délit, la société d’origine est ainsi déchargée de toute responsabilité.
Sanctionner les responsables des dépôts sauvages de déchets
Pour lutter plus en profondeur contre les malfaiteurs et enrayer le fléau des décharges sauvages, quid des sanctions ?
Pour la première fois en France, la Ville s’est dotée depuis décembre 2021 d’une brigade de l’environnement. Ces 15 policiers municipaux disposent de caméras et font des patrouilles pour prendre les coupables sur le fait.
Toutefois, seuls la police nationale et les procureurs ont le pouvoir de donner une contravention, dresser un procès-verbal ou obliger les fautifs à aller en déchèterie. Mais ceux-ci traitent d’abord les affaires graves et les décharges sauvages ne passent pas en priorité. De plus, les dépôts sont nombreux et organisés, ce qui submerge les services et les rend inefficaces.
Rendre les déchèteries gratuites à Marseille
Une autre idée serait d’ouvrir les déchèteries à tous gratuitement afin d’inciter les entreprises à trier leurs déchets. Pour le moment, en effet, ces dernières doivent s’enregistrer auprès des plateformes qui leur sont réservées, c’est-à-dire à celles de la Millière et des Aygalades, et payer pour leurs dépôts.
Néanmoins, les déchèteries ont besoin d'argent pour fonctionner. Si celui-ci ne provient pas des entreprises elles-mêmes, il émane donc des impôts. Mais peut-on considérer comme juste que les habitants payent à la place de sociétés qui polluent et qui en tirent des bénéfices ? De plus, la plupart des professionnels qui déposent des déchets sauvages travaillent au noir et ne sont pas déclarés.
En 2018 , Samia Ghali, maire des 15e et 16e arrondissements de Marseille émettait l’idée d’une écotaxe sur des produits et matériaux spécifiques. Ceci serait alors le moyen de financer la gratuité des déchèteries pour les petites et moyennes entreprises. Cette question n’a cependant jamais reçu de réponse de la part du Ministère de la transition écologique et solidaire.
Rendre visibles les amas d’ordures illégaux marseillais sur les réseaux sociaux
Lorsque les pouvoirs publics ne règlent pas les problèmes en profondeur par manque de moyens, que les malfrats continuent leurs dépôts effrénés et que les efforts de nettoyage des habitants découragés se succèdent, le dernier levier d’action reste celui de la dénonciation et de la révélation publiques.
Si les élus n’ont pas le droit de montrer des plaques d’immatriculation et des visages sur les réseaux sociaux, des lanceurs d’alerte comme Jean-Yves Sayag ne cessent de poster des vidéos en circulant dans Marseille afin de mobiliser le plus de personnes possible et de rendre le sujet visible au niveau national.