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Plus les années passent, plus la quantité de déchets augmente dans les villes.

Surconsommation ? Une collecte des déchets recyclables perfectible ? Toujours est-il que les politiques de collecte et de traitement des déchets ont un coût.

Or, le plus souvent, l’État et les entreprises recherchent la rentabilité. Dans son ouvrage, Pierre Godard, ancien éboueur de Marseille et syndicaliste, nous apprend que l’incinération des ordures a été privilégiée sous la pression des pouvoirs publics. En effet, si la collecte sélective est plus écologique et plus efficace à long terme, elle repose toutefois sur l’engagement citoyen. Malheureusement, celui-ci fait parfois défaut !

C’est la raison pour laquelle, Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille de 1995 à 2020, choisi en 2004 la construction de l’incinérateur de Fos. Il est important de savoir que la rentabilité d’une telle installation est assurée par le tonnage d’ordures ménagères. C’est l’une des raisons qui a amené à la multiplication des acteurs de la propreté sur Marseille.

Des grèves à répétition dans le secteur de la gestion des déchets

Ces nombreux acteurs de la collecte des déchets ménagers et de leur traitement ont participé à l'éclosion de frictions. Depuis 2015, les habitants ont connu au moins une grève par an. Seule l’année 2018 échappa à cette étrange tradition phocéenne.

Certaines ont d’ailleurs marqué l’histoire de la ville. Citons notamment la grève d’octobre 2010. Durant 9 jours, la collecte des ordures ménagères n’a pas été assurée. Les dépôts d'ordures se sont donc multipliés et c’est plus de 8000 tonnes de détritus qui ont jonché les rues de Marseille. Pour régler la situation, le préfet des Bouches-du-Rhône a alors dû faire appel à l’armée pour libérer la voie publique des sacs-poubelle…

Cette tension est donc constante entre les syndicats qui souhaitent éviter l’extension de la privatisation et les entreprises qui protègent leur marché. On peut alors tout naturellement se demander comment procéder pour assurer un traitement et une élimination des déchets qui soit optimale dans la ville.

Le partage des responsabilités entre La Métropole (en charge de la collecte des déchets) et les mairies de secteurs (en charge de la propreté de leur quartier) vient encore complexifier la situation. En parallèle, le ramassage des ordures ménagères est divisé entre les secteurs publics et privés.

Notons par exemple que suite au renouvellement global du marché durant l’année 2017, l’organisation des déchets est la suivante :

• Le Groupe Derichebourg gère les 2e, 15e et 16e arrondissements ;

• Le groupe des Eaux de Marseille s’occupe des 3e et 14e arrondissements ;

• La métropole prend en charge les 11 autres circonscriptions.

Comme nous pouvons le constater, les poubelles à Marseille et leur gestion ne semblent pas faites pour la simplicité.

L’importance du civisme pour le traitement des ordures à Marseille

Au total, près de 500 000 tonnes de déchets sont jetées chaque année à Marseille. Selon, René Francis Carpentier, la production d’ordures dans la ville est trop élevée. La faute serait donc en partie liée à un manque de civisme.

Ainsi, la plupart des acteurs de la propreté s'accordent à dire que les habitants de la commune ont de mauvaises habitudes. Or, l’absence de fermeté à cet égard n’encourage pas les Marseillais à modifier leur action et s’orienter vers une réduction des déchets.

Martine Vassal, instigatrice de Poubelles La Vie, souligne le ras le bol des plus de 21 000 adhérents de l’association. Cette pérennité du problème amène ainsi de plus en plus les citoyens à souhaiter prendre à bras le corps le problème face à l’absence d'efficacité des entreprises et des pouvoirs publics.

Si Marseille désire réellement améliorer la collecte et le traitement des déchets, la solution pourrait donc venir à la fois d’une volonté civique et d’une volonté citoyenne. Ce n’est que lorsque les Marseillais eux-mêmes deviendront acteurs de la propreté que la face de la ville changera.