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Déchets à Marseille : La longue histoire d’une quête de propreté Début janvier 2021.

la cité phocéenne sortait de 14 jours de grève suite à un accord des principaux acteurs concernés. Peu de temps après, le 25 janvier, un nouveau préavis de grève était déjà déposé. Chaque année ou presque, les professionnels du ramassage des ordures ménagères à Marseille protestent de cette manière. Comment l’expliquer ?

Les détritus a Marseille et la qualité de vie des habitants.

Cette volonté de se faire entendre a un impact non négligeable sur les riverains. Ces derniers se plaignent en effet lors de ces grèves à répétition de la saleté des rues. Les sacs poubelles s’accumulent et les odeurs nauséabondes montent ainsi dans les rues.

Il est évident que la situation n’est pas agréable. Toutefois, la cause de ces tracas ne provient-elle pas de loin ? En 2014 déjà, les auteurs Pierre Godard et André Donzel publiaient l'ouvrage “ Éboueurs de Marseille, entre luttes syndicales et pratiques municipales ” . Dans celui-ci, ils revenaient sur l’histoire du service public de la propreté urbaine à Marseille ainsi que sur les différents conflits sociaux sur le territoire.

Cela démontre que les difficultés de la commune concernant la gestion des déchets ne datent pas d’hier. Pour en avoir le cœur net, il est nécessaire de se pencher sur l’histoire de la collecte des déchets ménagers à Marseille.

Évolution de la collecte des déchets à Marseille

Pour bien comprendre la généalogie du traitement des déchets dans la ville, remontons à l’antiquité. Cette cité, Massalia, fondée par les Grecs en 600 avant J.-C, est déjà connue à l’époque pour son rapport particulier aux ordures. Ceci, car elle manque d’infrastructures urbaines adaptées si on la compare avec d’autres villes romaines de la méditerranée.

C’est alors la pluie qui accompagne les ordures jusqu’au port. Ce dernier est parfois très sale du fait des déchets qui s’entassent. Pour faire face à cette situation, de nouveaux métiers émergent au fil du temps comme les escoubiers. Leur nom provient du provençal escoba qui signifie balayer. Notons toutefois qu’il ne s’agit pas d’employés liés à la ville. Les escoubiers sont issus des couches défavorisées. Nettoyer la ville est pour eux un moyen de récupérer certains déchets qui possèdent encore de la valeur. Ces derniers peuvent alors se faire un peu d’argent en les revendant.

En 1835, les choses changent. Maximin Dominique Consolat, maire de Marseille de 1832 à 1843, apportera de belles choses pour la ville. Nous pouvons notamment citer l’éclairage des principales rues, la création du canal de Marseille, mais aussi le fait de confier à des entreprises privées le nettoyage de la cité. Le maire se devait d’agir, car en 1835, Marseille est frappée par une épidémie de Choléra. Les conditions sanitaires sont très mauvaises et le manque d’eau potable n’arrange rien.

Le traitement des ordures a marseille Gaston Defferre.

Cependant, il faudra attendre le début XXe siècle pour voir apparaître un service municipal de nettoyage de la commune. Pour ce faire, la ville de Marseille achète la décharge d’Entressens qui restera ouverte jusqu’en 2010. De plus, il est décidé de construire un incinérateur pour favoriser l’élimination des déchets. Celui-ci, situé dans les quartiers nord, permet de réduire la présence des ordures. Il sera fermé par le maire de Marseille en 1953.

L’arrivée de Gaston Defferre à la mairie de la commune ne va pas simplifier la situation. Ce dernier permet aux employés municipaux de rentrer chez eux une fois le travail effectué. Toutefois, ils ne doivent pas justifier de leurs horaires. Cette décision, en apparence positive, va permettre au puissant syndicat Force ouvrière de devenir un acteur majeur de la collecte des déchets à Marseille. En 1985, le maire ajoute encore une couche de complexité à une situation déjà tendue en privatisant une partie du service de nettoyage.

Or, cette suite de décisions concernant la collecte et le traitement des ordures ménagères peut expliquer la quantité de déchets qui ornent parfois les trottoirs de Marseille. En effet, la gestion des poubelles dans la ville concerne à la fois la municipalité, les syndicats et des entreprises privées. Tout ceci crée des tensions inextricables qui durent maintenant de nombreuses décennies.