Nous achetons, consommons et jetons des objets, des emballages et des restes alimentaires quotidiennement et de manière naturelle. Mais savons-nous ce qu’il advient de ce que nous déposons dans nos poubelles ?
La gestion des déchets à Marseille
Les habitants de Marseille ou de la métropole Aix-Marseille-Provence disposent de plusieurs possibilités pour jeter leurs détritus et encombrants :
• Poubelle des ordures ménagères. Ceci représente 75% des déchets de la métropole. Ils sont ensuite conduits dans un centre de transfert puis acheminés majoritairement par train jusqu’à l’incinérateur de Fos-sur-Mer. 65% de ces déchets sont valorisés en électricité.
• Bac de recyclage (6% des déchets). Ils sont également transportés vers un centre de transfert puis un centre de tri. Ce qui s’avère non recyclable, soit un taux de 13%, part vers l’incinérateur et le reste vers des usines de valorisation des matières.
• Déchèterie. Les déchets sont valorisés, par exemple en compost, ou enfouis.
• Borne récupératrice de textiles. Ces derniers sont revendus, exportés, deviennent des chiffons ou sont envoyés dans les ordures ménagères.
• Composteur. Les déchets végétaux se transforment directement en compost chez les particuliers.
• Services de désencombrement privés. Des professionnels s’occupent du tri et du transport des encombrants.
Un acteur majeur : l’incinérateur d’ordures de Fos-sur-Mer
Nous le voyons, la très grande majorité des détritus termine donc sa course vers le centre de traitement multifilières de déchets ménagers à Fos-sur-Mer. Il s’agit d’une société privée, nommée EveRé, à qui la collectivité a confié en 2005 l’exploitation des ordures ménagères sous la forme d’une délégation de service public pendant 23 ans.
Il se compose de plusieurs unités pour traiter trois grands types de déchets :
• les recyclables qui n’ont pas été triés au préalable par les habitants. Une chaîne automatisée sépare les emballages et envoie les cartons, plastiques, ou encore métaux vers des centres appropriés.
• les déchets organiques. Ils prennent la forme d’électricité verte par le biais de la méthanisation ou de compost pour l’agriculture.
• tous les autres. Ceux-ci sont brûlés pour produire de l’électricité.
Un résultat globalement insatisfaisant
Toutefois, le traitement des ordures ménagères résiduelles n’est pas 100% écologique. En effet, Nina Hubinet montrait en avril 2021 dans son article que beaucoup de cartons, de plastiques ou de métaux qui pourraient être recyclés ne sont en réalité pas triés ni par conséquent redistribués dans les unités de valorisation adaptées. Elle explique que seulement “2% des poubelles reçues sont extraites”. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène :
• La première est l’imperfection du tri par les particuliers, par méconnaissance ou indifférence.
• Ensuite, selon le responsable Environnement d’EveRé, les pouvoirs publics n’ont donné aucune obligation au centre de Fos-sur-Mer quant à la quantité des matériaux recyclables à extraire.
• Des pannes des systèmes de tri optique peuvent également avoir lieu, comme en 2020.
• Enfin, les cartons et les plastiques sont fortement calorifiques et permettent à l’incinérateur de fonctionner correctement.
Que faire pour une meilleure gestion des détritus résiduels ?
Si l’incinération des déchets produit de l’électricité et si une partie est recyclée, il n'empêche que la gestion des déchets pollue et a un coût non négligeable pour les habitants. En effet, elle génère des fumées toxiques et du CO₂ et son montant s’élève annuellement à 187€ par habitant.
Le premier geste indispensable reste donc celui de la réduction des déchets des Marseillais. Plusieurs actions sont menées par la collectivité ou des associations pour sensibiliser le public et surtout les plus jeunes à l'achat en vrac, aux produits et matériaux durables, aux dons, etc.
Deuxièmement, les habitants doivent procéder à un tri plus minutieux. Pour faciliter cette tâche, la métropole a uniformisé et donc simplifié la collecte sélective le 1er octobre 2022.
En ce qui concerne l’incinérateur de Fos-sur-Mer, la métropole pourrait en outre inciter l’entreprise à mieux extraire les déchets recyclables par le biais de sanctions ou de rémunération. De plus, une solution technique doit être trouvée pour que le système fonctionne correctement sans un apport important de carton et de plastique.